Les embouteillages des quais de l’Isère sont très fréquents et aggravés considérablement quand la montée des eaux de l’Isère contraint à sa fermeture quelques semaines. La municipalité avait déjà tenté de réduire encore la circulation par la mise en place soudaine d’une autoroute à vélos sur le quai rive gauche qui avait produit des bouchons monstres et rendu l’accès au CHUGA, le centre hospitalier, très difficile pour tout le nord de la Métropole.
A son arrivée à la tête du syndicat des mobilités, Sylvain Laval, qui succédait à Yann Mongaburu un proche d’Eric Piolle, avait mis immédiatement fin à cette expérience malheureuse. Les Grenoblois consultés par le quotidien réagissent fortement et votent à 85 % "non" à cette fermeture. On peut même lire le témoignage d’adeptes de modes doux de déplacement qui défendent cette voie de délestage.
Mais la municipalité ne change pas de doctrine : par la voix de l’un de ses adjoints au maire, Gilles Namur, elle réitère que toute voie de circulation est d’abord "un aspirateur à voitures". Cette formule a été soutenue une vingtaine d’années par les écologistes alliés aux élus socialistes pour refuser l’élargissement de A480. Qui est devenue le 7e bouchon Français et une source de pollution importante, malgré un programme électoral qui s’engageait à refuser cet élargissement, la municipalité Piolle l’a finalement votée et les travaux ont été réalisés récemment.
Mais dans Grenoble la chasse à la circulation et au stationnement se poursuit. La fermeture du boulevard Agutte Sembat a produit de lourds reports rue Hoche et boulevard Gambetta. A ce jour, malgré les demandes unanimes des Unions de Quartiers concernées, la municipalité s’est refusée à tout aménagement de son plan de circulation. Selon l’opposition 1200 places ont été supprimées et des parkings seraient encore appelés à disparaitre rues Mallifaud et Pierre Sémard. Cours de la Libération où l’urbanisation se poursuit, 20% des places qui demeuraient vont encore être supprimées malgré les protestations des Unions de Quartiers du secteur.
Selon Sylvain Laval, vice-président de la Métropole, il manque 1500 places de parkings de dissuasion pour le fonctionnement de la ZFE qui est entrée partiellement en vigueur au 1er janvier de cette année et le parking de l’esplanade qui joue traditionnellement ce rôle au nord de la ville est également menacé.
La municipalité s’appuie sur le fait que 40% des Grenoblois intra-muros n’ont plus de voiture. Pour elle ce mode de déplacement doit pratiquement disparaitre quel que soient les améliorations techniques des véhicules.
Dans un tweet rapidement effacé, Eric Piolle n’avait-il pas fustigé "l’homme blanc au volant de sa voiture.." Un symbole supplémentaire de la société patriarcale.
Les conséquences sont maintenant établies sur les difficultés d’accès , la perte d’attractivité, l’affaiblissement de l’attractivité commerciale qu’atteste le développement concomitant des surfaces commerciales en périphérie (Grand Place, Neyrpic). L’espace public de l’hyper-centre s’en trouve appauvri avec de nombreux rideaux baissés et l’apparition de commerces bas de gamme.
L’éventuelle fermeture de la voie sur berge créée par Alain Carignon, alors maire en 1986 et principal opposant aujourd’hui, fait monter d’un cran la question de tous les effets de ces politiques et de leur rapport bénéfices/ inconvénients sur la baisse réelle de la pollution, la qualité de vie, l’emploi et la prospérité collective.
La position de Gilles Namur selon lequel le changement de destination de la voie sur berge "est un objectif à long terme" démontre que la municipalité est consciente de la montée de température sur ces questions. Va- t -elle accepter de réviser son calendrier sur d’autres dossiers chauds ?
Sa navigation est compliquée jusqu’au renouvellement municipal car elle ne peut pas prendre le risque de mécontenter sa base idéologique ,sans être certaine de gagner chez les mécontents. Sa marge est donc étroite et la voie sur berge demeurera probablement une exception.