Quels enseignements tirer des européennes pour les municipales 2026 à Grenoble ?

Quels enseignements tirer des européennes pour les municipales 2026 à Grenoble ?

Ce dimanche, les élections européennes ont provoqué un tel séisme qu'Emmanuel Macron a dissous l'Assemblée nationale.

Un rapide coup d’œil aux résultats donne quelques indications sur les dynamiques à l'œuvre à Grenoble. On peut raisonner à partir des quatre blocs des élections municipales de 2020 :
 
    •    EELV/LFI/PCF/Générations avec Eric Piolle
    •    Le bloc société civile/centre/divers droite avec Alain Carignon
    •    La majorité présidentielle avec Emilie Chalas
    •    Le bloc PS/sociaux-démocrates avec Olivier Noblecourt
 
Il convient de noter en préambule une hausse de participation : 41 800 votants en 2019 (européennes), 36 500 votants en 2020 (municipales) et 49 000 votants en 2024 (européennes).
 
Une stabilité en trompe-l’œil pour le bloc LFI/Verts/PCF
 

Européennes 2019 : 15 718 voix
Municipales 2020, tour 1 (liste Eric Piolle) : 16 766 voix
Européennes 2024 : 17 771 voix
 
Cette relative stabilité malgré une hausse de la participation révèle 3 enseignements :
 
    •    Le camp de la majorité municipale sortante atteint un plafond de verre car la hausse de participation profite bien davantage aux oppositions.
    •    Les Verts s'effondrent : - 3000 voix entre 2019 et 2024. L'écologie politique, confisquée par un parti qui a multiplié les dérives, n'a plus le vent en poupe.
    •    À l'inverse, la France Insoumise augmente fortement et finit en tête à Grenoble. Un changement de dynamique au sein de la majorité municipale, mais en trompe-l-oeil : le conflit israélo-palestinien a été le vrai moteur de mobilisation pour un électorat sensible à la question... et ce ne sera pas le sujet des élections municipales.
 
Les sociaux-démocrates progressent
 
Européennes 2019 : 3851 voix
Municipales 2020, tour 1 (liste Olivier Noblecourt) : 4782 voix
Européennes 2024 : 10 276 voix
 
Les électeurs déçus des verts et d'Emmanuel Macron profitent à ce bloc. À Grenoble, il est évident que la gauche hors majorité municipale a un espace. Mais cette addition de mécontents de différents bords peut-elle se cristalliser dans le temps ou restera-t-elle la chimère d'un scrutin ? Et qui pourrait prétendre incarner tout entier cet espace à Grenoble, que plusieurs personnes se le disputent ?
 
Le bloc d’opposition (hors camp présidentiel) se renforce
 
Européennes 2019 : 7390 voix
Municipales 2020, tour 1 (liste Alain Carignon) : 7114 voix
Européennes 2024 : 10 871 voix
 
La progression de ce bloc doit beaucoup à la hausse de participation. C'est la confirmation que l'abstention record aux élections municipales de 2020, en raison du COVID, a profité au maire sortant et desservi la liste conduite par Alain Carignon. Alors que l’on retrouve ce dimanche un taux de participation similaire aux municipales de 2014, le socle de l'opposition se renforce comme possible locomotive de l’alternance.
 
Le camp présidentiel s’effondre
 
Européennes 2019 : 9836 voix
Municipales 2020, tour 1 (liste Emilie Chalas) : 4939 voix
Européennes 2024 : 5668 voix
 
Déjà en 2020, Emilie Chalas ne récoltait que la moitié des voix du socle électoral de la majorité présidentielle l'année précédente. Alors que ce socle s'est effondré entre les deux scrutins européens, on ne peut qu'anticiper un rétrécissement spectaculaire de l'espace politique de ce camp pour les municipales.
 
Bien sûr, le scrutin municipal est très différent des européennes. Il convient donc de nuancer avec des éléments de contexte très local qui influeront sur l'élection. On peut citer :

    •    Le climat d'affaires qui entoure la majorité municipale, le ressentiment et la lassitude nés après 10 ans d'usure du pouvoir, et, encore une fois, un vote LFI aux européennes motivé par la Palestine qui camoufle un  affaiblissement du bloc.
    •    
    •    La division du camp social-démocrate, avec plusieurs personnalités qui revendiquent ce créneau et différentes stratégies laissant présager un éclatement des voix tant certains paraissent irréconciliables.
    •    La fébrilité du camp présidentiel, qui se rêvait espace central mais se retrouve aujourd'hui isolé, pris en étau, et sera certainement obligé de s'allier pour survivre.
    •    Le  travail d'implantation du groupe société civile avec Alain Carignon depuis le début du mandat, qui a renforcé sa base en attirant des électeurs soutiens de la majorité présidentielle, et même votants traditionnellement à gauche.
 
En résumé, du scrutin de dimanche, on peut retenir 3 chiffres : bloc majorité municipale sortante = 17 771 voix, bloc opposition société civile + majorité présidentielle = 16 539 voix et bloc social-démocrate = 10 276 voix. Bref : les jeux sont ouverts.

Ces chiffres n’interdisent pas une alternance à Grenoble. Une guerre des egos, dans un camp ou dans un autre, sera probablement déterminante pour l’un ou l’autre. Comme souvent en politique, ce n’est pas le rationnel qui l’emporte.

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