Tout a commencé en janvier et mars 2023, lorsque les douanes de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry ont intercepté plusieurs colis envoyés depuis Grenoble à destination de la Turquie. Ces colis contenaient des documents d’identité français authentiques, mais signalés volés en Isère : 32 cartes nationales d’identité et 9 passeports. Cette découverte a déclenché une enquête menée par l'Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM), sous la supervision du parquet de Grenoble, puis d’une juge d’instruction.
Les investigations ont permis d’identifier les expéditeurs qui utilisaient de fausses identités pour envoyer ces documents volés à des faussaires basés en Turquie. Le réseau n’était pas limité à l’envoi de documents français volés. Selon le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, "les investigations ont révélé l’existence d’un vaste réseau qui recevait également de faux documents européens en provenance de Turquie, ensuite revendus à des étrangers en situation irrégulière en France."
En plus de ce trafic de documents, les membres de ce réseau créaient de faux comptes de livraison Uber Eats à partir de ces documents falsifiés, qu’ils revendaient entre 1000 et 1500 euros. Un Algérien de 35 ans, considéré comme le chef du réseau, aurait utilisé une soixantaine de comptes créés à l'aide de faux papiers d’identité et bancaires. Ces comptes servaient à recevoir les paiements des courses ainsi qu’à réaliser des virements frauduleux.
Le réseau était soutenu par des rabatteurs opérant à Grenoble, Lyon et dans les Alpes-Maritimes, qui proposaient ces services illégaux à des clients en échange de commissions.
Le 10 octobre, cinq hommes âgés de 29 à 35 ans ont été mis en examen pour recel en bande organisée, aide à l’entrée et au séjour irréguliers, fourniture frauduleuse de documents administratifs, et blanchiment. Quatre d'entre eux ont été placés en détention provisoire, tandis que le cinquième a été placé sous contrôle judiciaire.